Deux ans après… La solidarité continue de façonner la résilience dans le Haut Atlas

Le 8 septembre 2023 reste gravé dans la mémoire collective du Maroc. Ce jour-là, un violent séisme de magnitude 6,8 frappait le Haut Atlas, touchant particulièrement la province de Taroudant, El haouz, chichaoua, Azilal Et Ouarzazat. La catastrophe a coûté la vie à près de 2 946 personnes, fait plus de 5 674 blessés, détruit environ 50 000 habitations et endommagé des dizaines de milliers d’autres, réparties dans plus de 1 000 villages. Deux ans plus tard, les blessures restent visibles dans les paysages et dans les esprits, mais une force plus grande encore s’est révélée : celle de la solidarité.


Une mémoire vivante, entre douleur et espoir
Dans les villages sinistrés, il n’y a pas eu de cérémonies officielles, mais les habitants parlent encore de ce jour-là comme si c’était hier. Chaque témoignage évoque la douleur, mais aussi la patience et l’espérance qui ont guidé les familles face à l’épreuve. Beaucoup répètent en amazigh : « gha yad yarat flagh rbi lidar laafo », ce qui signifie « c’est le destin de Dieu, et c’est Lui aussi qui peut nous aider à surmonter cette épreuve ».

Distribution dans le cadre du projet Restart – réponse au séisme

L’Association Jeunes d’Atlas : un engagement de chaque instant
Dès le jour 1 qui a suivi le séisme, l’Association Jeunes d’Atlas (AJA) s’est mobilisée sans relâche pour répondre aux besoins des populations sinistrées. Avec une présence active dans plus de 200 villages des provinces de Taroudant, Al Haouz et Chichaoua, l’association a déployé une énergie collective impressionnante, soutenue par plus de 120 volontaires par jour venus du Maroc et d’autres pays. Ces volontaires, souvent jeunes et portés par un profond sens du devoir, ont sillonné les montagnes et les plaines pour atteindre les zones les plus enclavées. Leur action a pris plusieurs formes :

  • Diagnostics rapides des besoins des familles et des infrastructures dès les premiers jours. Le centre de l’association a servi de point de réception des dons, permettant de collecter vivres, couvertures et médicaments, puis de les orienter vers les villages les plus touchés. Il a également assuré l’orientation des associations partenaires et des donateurs vers les douars isolés, tout en facilitant la coordination des équipes sur le terrain pour garantir une distribution efficace. De plus, une unité de stockage a été mise à disposition de l’ensemble des intervenants, afin d’organiser et de sécuriser l’acheminement de l’aide.
  • Distributions de biens essentiels : nourriture, couvertures, kits d’hygiène et matériel de première nécessité.
  • Travaux d’installation et de maintenance : aide à la mise en place de tentes, réparation de canalisations, soutien à l’approvisionnement en eau et en électricité temporaire.

Mais l’engagement de l’association ne s’est pas limité à l’urgence. Elle a également accompagné les communautés dans la réhabilitation des infrastructures sociales et l’organisation d’activités pour les enfants.
Parmi ces initiatives, on retrouve le projet Clinic’Art, porté par Spect’Act en partenariat avec l’Association Jeunes d’Atlas et le collectif Cause, avec le soutien financier de Migrations & Développement. Ce projet a offert un soutien psychologique et artistique aux enfants, leur permettant d’exprimer leurs émotions et de retrouver un espace de joie et de créativité après le
traumatisme.
Un autre exemple est le projet Restart, mené en partenariat avec la Fondation de France, qui a permis la distribution de 1 048 packs scolaires et sociaux. Chaque pack contenait un cartable équipé de fournitures (trousse, livres), ainsi qu’un kit de vêtements et d’hygiène, offrant aux enfants et à leurs familles un appui concret pour reprendre le chemin de l’école dans de meilleures conditions.

Au-delà de ces actions immédiates, l’association travaille également à la préparation de projets de long terme, pour consolider la résilience des communautés et inscrire la reconstruction dans une vision durable.


« Notre priorité était de répondre aux besoins immédiats, mais aussi de penser à demain », explique le comité de pilotage d’AJA. Cette double approche a permis de transformer la douleur en énergieconstructive.


«Ce qui nous a marqués, ce n’est pas seulement la destruction, mais la force des habitants. Dans chaque maison effondrée, nous avons trouvé des familles debout, prêtes à reconstruire avec courage.» — Khadija, volontaire de l’association

CoopérAction Résilience : un projet pilote pour transformer l’avenir
CoopérAction Résilience s’inscrit dans la continuité directe de cette mobilisation humanitaire. Né de l’expérience de terrain de l’Association Jeunes d’Atlas, ce projet pilote vise à transformer l’aide ponctuelle en solutions durables, en accompagnant les familles touchées vers un revenu stable, autonome et ancré dans leur territoire.

C’est avant tout un projet humain et solidaire, pensé pour redonner souffle et structure aux coopératives locales. Notre ambition : accompagner la relance économique des femmes rurales, en leur fournissant les moyens, les compétences et les outils nécessaires pour se relever durablement.

Nous avons commencé par écouter. Un audit de terrain a permis de comprendre les besoins réels, les défis quotidiens, mais aussi les potentiels incroyables qui existent dans les villages. À partir de là, nous avons co-construit un programme en plusieurs phases :

  • Renforcement des capacités : formations pratiques et ciblées.
  • Développement de la production et innovation : amélioration de la qualité, diversification des produits et création de nouvelles gammes.
  • Digitalisation et accompagnement à la vente : ouverture des coopératives aux marchés physiques et numériques.

«Aujourd’hui, grâce à ce projet, nous ne voulons plus seulement survivre, mais construire un avenir digne pour nos enfants.» — Membre de la coopérative bénéficiaire Ougoug Louz

Moments partagés avec les bénéficiaires dans le cadre du projet CoopérAction

De la douleur à l’espérance, un chemin collectif
Deux ans après le séisme du 8 septembre 2023, le Haut Atlas porte encore les cicatrices de la catastrophe, mais il incarne surtout une histoire de solidarité et de résilience. L’Association Jeunes d’Atlas, présente dès les premiers jours, a joué un rôle central dans cette dynamique en mobilisant des centaines de volontaires et en apportant une aide concrète dans plus de 200 villages. De l’urgence à la réhabilitation, son engagement a permis de tisser un lien de confiance et d’accompagnement durable avec les communautés.

De cette expérience est né CoopérAction Résilience, un projet pilote qui traduit la solidarité en perspectives. En plaçant les coopératives féminines au cœur de la relance, en renforçant les compétences locales et en ouvrant les villages aux marchés, il trace la voie d’une reconstruction durable, fondée sur l’autonomisation économique et la valorisation des savoir-faire.
Ce chemin, commencé dans la douleur, continue aujourd’hui avec l’espérance. Car au-delà des maisons détruites, c’est une nouvelle manière de vivre ensemble, plus forte et plus unie, qui se construit pas à pas dans le Haut Atlas.

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